Baptiste Brunello et Aurélie William Levaux

©Malo Legrand

Aurélie William Levaux et Baptiste Brunello se sont installé·es sous le hangar, devant les murs vert pomme et sous l’isolation argentée. Derrière elleux, un feu de cheminée brûle dans une télévision. La lumière est orange. Nous attendons le début, ça a l’air de vouloir commencer mais Baptiste Brunello disparaît dans le public. La foule scande “Baptiste” pendant qu’Aurélie William Levaux se marre et tape dans ses mains. Baptiste Brunello revient et, là, ça y est, le concert va commencer, mais “Tu devais pas chanter une chanson d’abord Baptiste ?” demande Aurélie William Levaux. Alors Baptiste Brunello chante une chanson en jouant de la guitare sur un piano contre son torse. “Flo, tu peux monter la voix ?” demande Baptiste Brunello. Il y a des réglages à faire et des gestes s’échangent avec Flo le régisseur. On ne sait pas ce qui est vrai ou ce qui fait partie du jeu, on ne sait pas où est l’erreur, les balances, le larsen, l’oubli. “Ma que bueno, bueno, bueno” chante Baptiste Brunello. Après, Pascal la voix nous raconte l’histoire du loup et du gorille. Aurélie William Levaux fait le loup et Baptiste Brunello fait le gorille. Le hangar, les murs verts, le public et Setu deviennent une fête de village, sûrement un village du Sud. C’est dans ce genre de fête que le loup et le gorille se rencontrent et le loup chante une chanson sur la file d’attente pour les WC. “Baile, baile, baile”, chante le loup parce qu’il continue à danser quoi qu’il arrive, même quand l’attente aux toilettes tourne mal. “C’est une histoire d’amour qu’on raconte ici” dit la voix. Le loup dit au gorille “Je suis content que tu sois là”. Le gorille dit au loup “Je suis contente que tu sois là”. Le loup et le gorille chantent des chansons familières qu’on n’a jamais entendues. On reconnaît à chaque fois un souvenir qu’on n’a pas encore. Le loup se tient derrière la table qui porte les instruments, il porte des bottes et un short et ses jambes sont tendues écartées comme un A. Il y a une chanson qui parle d’un incroyable pet sur l’autoroute et l’histoire du gorille et du loup continue. Aurélie William Levaux et Baptiste Brunello se rapprochent de nous et iels portent toustes les deux des lunettes avec rétroviseur intégré qui leur permettent de lire des paroles écrites à l’envers sur la télévision derrière. Le loup galère et le gorille s’agace. Une tension monte. Heureusement, la casquette orange et blanche d’Antoine Bellanger arrive. Antoine Bellanger s’installe sur le côté et chante une chanson. Aurélie William Levaux, Baptiste Brunello et le public regardent et écoutent Antoine Bellanger chanter. “À plus tard” dit Antoine Bellanger. La pause s’arrête et l’histoire d’Aurélie William Levaux et Baptiste Brunello reprend. L’histoire devient de plus en plus épique, c’est une histoire d’amour de la vraie vie. L’amour du loup et du gorille se tend et se détend et les visages de Baptiste Brunello et d’Aurélie William Levaux aussi. On ne sait plus s’iels sont le loup ou Aurélie William Levaux, le gorille ou Baptiste Brunello. On ne sait plus s’iels s’agacent dans les chansons ou dans la vraie vie, et « Flo, ça va pas là le son ». Toutes les frontières sont brouillées. L’histoire déborde sur le concert et sur la réalité. Des images subliminales comme “:(” ou “CHU Lièges” apparaissent sur la télévision derrière. La voix finit de raconter l’histoire d’amour entre le loup et le gorille et nous applaudissons et nous nous demandons combien de temps Aurélie William Levaux et Baptiste Brunello continuent à être le loup et le gorille après le concert.

 retrouvez ici l’intégralité du texte de Lucie Desaubliaux