Charlotte Beltzung

La géante

Installation, composition sonore et lecture

©Yves de Orestis

« (…) Une mer de paille, une litière en fait littéralement, ça tombe bien puisqu’on est dans la crèche, quand on marche dessus c’est moelleux comme un matelas, comme rentrer dans un grand lit. Charlotte invite les gentes à venir la rejoindre, elle est assise au milieu de la grange sur un petit banc de bois, quelques personnes sont venues se blottir dans le fond, je me joins à elleux, d’autres nous fixent depuis les bancs qui donnent sur l’unique entrée et sortie. Charlotte réitère son invitation à quelques personnes hésitantes et des enfants se précipitent, trop contenx qu’on leur propose de franchir ce qui pouvait ressembler à un interdit, puis elle se concentre et nous lit une histoire. C’est l’histoire d’une géante qui passait par-dessus sa maison. Soudain tous les éléments se recoupent : ces géantes issues des peuples de grands mammifères marins sorties d’eau il y a des millénaires et petit à petit venues sur terre pour finir bipèdes. Ce sont ces géantes qui ont été entendues depuis les tentes du camping ce matin au lever du soleil (plus tard, lors d’une discussion au milieu de deux tartines à la confiture, d’un café queen-size et de trois escadrons de guêpes déter, Charlotte me racontera que ces enregistrements étaient en fait des bruits de baleine et de rots qu’elle avait ralenti au maximum). Ce sont les géantes qui ont laissé des traces de pas près de la scène où dansait Aske. Les géantes ne se montrent pas directement, elles sèment des indices de leur présence. À l’occasion d’une promenade en forêt en quête de mûres, Charlotte dit avoir croisé une de ces géantes qui fascinent autant qu’elles effraient celles et ceux qui en parlent. Restée immobile sur un tronc d’arbre, elle s’est laissée approcher et a passé sa nuit allongée près d’elle avant de se réveiller seule au petit matin. »

 retrouvez ici l’intégralité du texte de Robin Garnier-Wenisch

©Yves de Orestis